Poursuivant ma quète des formes de préparation des plantes médicinales selon les sources les plus utilisées, je me suis plongée dans La santé à la Pharmacie du Bon Dieude Maria Treben, livre diffusé depuis sa première édition (en 1980? selon le copyright, l'auteur a alors 73 ans) à plusieurs millions d'exemplaires, selon sa maison d'édition Ennsthaler.
Dans la préface de son livre,Maria Treben revendique, pour expliquer ses connaissances, la tradition orale (transmise par un garde-forestier autrichien lorsqu'elle était gamine) l'influence de sa mère, adepte de Kneipp… et l'inspiration divine. Néanmoins, dans la mini-biographie qui lui est consacrée sur lesitede ses livres en français, il est dit qu'elle a affiné ses connaissances auprès d'un biologiste, autrichien comme elle, Richard Willfort. Il a publié notamment La santé par les Simples (Gesundheit Durch Heilkräuter, Brauner 1959, je n'ai pas trouvé trace de traduction française), cité dans les revues scientifiques. Il faudra bien que je me mette à l'allemand car j'aimerais beaucoup comparer ses textes à ceux de Maria Treben.
Parmi les 31 plantes que l'herboriste autrichienne utilise (on peut les voiriciavec le nom latin/anglais, et en cliquant, lire leurs applications, en anglais également), j'ai listé celles qui se préparaient en teintures (j'ai évoqué les teintures alcooliques ici) et/ou sur un support gras. J'ai inscrit un C quand on retrouve le même type de préparation chez Nicolas Culpeper, autre grand classique de l'herboristerie de "tradition populaire", dont j'ai déjà parlé récemmentici.Toutes les plantes repertoriées ici sont présentes chez Culpeper (sauf, curieusement, le calendula, et pour le gaillet et la matricaire camomille, sous des variétés différentes).
Achillée millefeuille (achillea millefolium)
teinture pommade C
Aigremoine (agrimonia eupatoria)
pommade C
Bourse à pasteur (capsella bursa-pastoris)
teinture (pommade chez C)
Camomille allemande (matricaria chamomilla)
huile et pommade (C: idem pour la camomille romaine)
Chelidoine (chelidonium major)
teinture homéo
Grande consoude (symphytum officinale)
teinture pommade
Gaillet jaune ou blanc
(des marais chez C) pommade
Gui (viscum album)
teinture pommade C
Millepertuis (hypericum perforatum)
teinture C huile C
Ortie (urtica dioica)
teinture (pommade pour C)
Prèle des champs (equisetum arvense)
teinture
Souci (calendula officinalis)
teinture pommade (J'avais fait des essais en m'inspirant de sa formule voirici)
Thym serpolet (thymus serpylllum)
teinture huile
Veronica officinalis
teinture
Chez Culpeper, de nombreuses plantes sont employées cuites au vin, ce qui pourrait rapprocher ces préparations des teintures, mais je ne les ai pas listées comme telles, car dans ce cas, il n'y a pas de macération à froid à proprement parler. D'autant que par prudence, le vin a longtemps été préféré à l'eau , -la plupart du temps non potable- (Il est est de même pour les recettes d'Hildegarde de Bingen).
Maria Treben prépare à peu près tout à partir de plantes fraîches. *Pour les teintures, elle suggère l'emploi d'alcool de grain ou de fruits à 38-40°et une macération de 14 jours dans un récipient bien fermé, à 20°. Parfois, elle donne des indications approximatives pour la quantité de plantes à utiliser. *Pour les macérations huileuses, elle préconise l'huile d'olive, en plaçant le flacon 14 jours au soleil ou près d'un fourneau.
J'en étais restée hier sur le comm de Blue sur Hidelgarde. Et mes réticessences à son égard m'ont interrogé.J'ai feuilleté pas mal de bouquins la concernant, tous ont vite été reposés illico.Et ce samedi passé sur les côtes normandes, m'a une des explications de mon "blocage". Ainsi, un ami m'a parlé (coincidence) d'Hidelgarde en me précisant qu'il l'avait découvert cet été et que ma passion pour les plantes lui faisait penser à notre sainte.Ce rapprochement m'a agacé et je me suis lancée dans tout un tas d'explicationsEt spontanément, j'ai mis en avant celle ci (totalement subjective, très personnelle, je ne demande qu'à faire évoluer ce jugement sans doute très hatif, et qui ressemble fort à un préjugé) :Pour moi, Hidelgarde c'est la porte ouverte à pas mal de dérives. La littérature sur sa vie, son oeuvre, est à la mode. Elle est récupérée par pas mal de mystiques, d'adeptes de sciences occultes, et même de sectes...Voilà, l'origine de mon blocage ! Spontanément, face à cet ami, c'est sorti tout seul..(peut être le délicieux air iodé de Honfleur...)Reste que si son travail est récupéré par des individus peu recommandables, je dois être honnete et dire que ce n'est que son travail..pas le personnage
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Toi qui aimes l'histoire Patte, tu peux faire quelque chose de très simple: tu vas aux sources, tu potasses directement le texte d'Hildegarde, et tu fais l'exegèse toi-meme… Ses indications<br />
sont très précises.<br />
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M
mlk
13/09/2008 18:17
Le vin chez Hildegarde est souvent employé dans les potionsidem pour les autres produits de la vigneD'ailleurs dans l'imagerie populaire, couvent et vignes sont souvent associé, non?Je me suis trompée c'est Hildegarde que je connais un peu de par mes lectures,mais j'ai rien contre MariaQue de livres précieux à chérir et lire au fil de l'envie et tes écrits m'incitent à des dépenses sans regrets
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Au temps d'Hildegarde, l'eau était souvent considérée comme un poison, tant elle était peu sure;<br />
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B
blue
12/09/2008 23:47
Tu as le manuscrit de ton autrichien Venezia ??? Il y a des infos sur le net ?Tu sais que je suis à ta disposition aucazou... ;-)Je n'ai pas d'opinion pré-établie ni sur Culpeper, ni sur Maria Treben... J'ai une tendresse particulière pour Hildegarde de Bingen pour son côté avant gardiste... C'était aussi une femme de lettres et une grande musicienne.Une de mes premières prépas thérapeutiques a été une pommade au saindoux, au miel et au souci...Réalisée avec une dame allemande...A la frontière autrichienne.J'avais 16 ans et jamais entendu parlé de Maria Treben...Et pourtant je faisais peut-être du Maria Treben sans le savoir... ;)
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Non, je n'ai pas encore le livre mais je pense me le procurer, je te tiens au courant. Moi aussi, j'ai un grand faible pour Hildegarde…<br />
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P
patte
11/09/2008 22:26
je reviens sur la matricaire : elle n'est pas indiquée sous forme de TM , cependant, ce support existe en préparation..
Coucou Venezia,Je m'apprête à filtrer ma teinture d'achillée millefeuille cueillie il y a quelques semaines pour en faire un baume menstruel pour la femme que je suis. Je suis ravie de voir qu'elle est bonne en teintures et pommades d'après ces deux auteurs.Tu me pardonneras de trouver Maria Treben aussi peu glamour que Culpeper même si je les trouve souvent incontournables. Ils ont un je ne sais quoi de trop austère pour moi.Je suis beaucoup plus sensible à la faconde de Vicenot ;-) dans un autre genre, bien sûr...
Ah MLK...je m'incline, je me mets dans le camps des "raisonneurs", même si je pense que cette dichotomie entre "raisonneur" et "poète" n'est pas forcement adpatée.J'aime pas trop ces dualités...Rien n'est simple !Bises la poetesse
Merci Venezia de poursuivre dans la voie des plantesJe suis assez portée sur le "divin" et l'inspiration en soi et Maria Treben me parleJouer avec les plantes nous mène de toutes les façons à nôtre part sensuelle et divineBeaucoup de peuples parlent avec les dieux avant de concocter une potioncette foi là déplace les montagnes et n'a pas à mon sens besoin de caution...mais bon ,je préfère les poètes aux raisonneurs
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MLK, J'aime beaucoup ta conception du jeu avec les plantes, que je partage absolument.<br />
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C
cerise
11/09/2008 09:06
il y a aussi son fameux saindoux... dans les campagnes, on faisait avec ce qu'on avait sous la main! je lisais récemment "la billebaude" d'Henri Vincenot,magnifique chronique de la vie quotidienne en Bourgogne au début du XXes.) les "simples" régnaient dans les maisons et chaque famille avait son ou ses guérisseurs ( plutôt "ses" car les femmes jouaient un très grand rôle là-dedans)Je dois beaucoup à des gens comme Maria Trében qui ont énormément fait pour transmettre ces savoirs populaires mais redoutablement efficaces. bien sûr comparé aux ouvrages actuels, ça peut paraître assez "naïf" par moment, mais ses livres sont accessibles à tous et personnellement le côté inspiration divine ne me dérange pas trop ;-) un grand merci pour ton travail d'investigation Venezia.bisescerise
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Cerise, ce qui m'nterese aussi ce serait de déméler ce qui vient d'un savoir transmis et ce qui arrive via le milieu scientifique. Donc malgré mon degré zéro en allemand, je vais creuser la piste<br />
Richard Wilfort.<br />
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P
patte
11/09/2008 03:55
ta recherche se poursuit pour mon plus grand bonheur.Heureusement que M. Treben a trouvé une caution scientifque ! (je bloque un peu avec Hildegarde dont sa source de travail est divine...même si la transmission orale doit être essentielle)Tu aurais pu simplifier en indiquant pour chq plante teinture ou huile. "Pommade" se classant avec "huile"Donc pas de contradictions entre Culpeper et Treben ?