Fabriquer des baumes permet d'apprivoiser, en s'amusant, deux des difficultés majeures de la cosmétique bio: -le parfum -et la texture.
On se rend compte en effet, avec des variations que l'on pourrait trouver mineures, que l'on obtient des résultats très différents. L'intérèt des baumes tient à ce qu'on ne travaille que sur la phase grasse, ce qui permet de bien améliorer sa connaissance de la texture des huiles et des beurres (avec une émulsion, difficile de faire la part de l'émulsifiant). Par ailleurs, comme le gras est un excellent support du parfum, on peut vraiment exercer son nez.
Je voulais offrir deux baumes complémentaires yin et yang… et je me creusais la tête sans trouver de solution intéressante, jusqu'à ce qu'une amie me suggère d'utiliser les mêmes huiles essentielles mais en variant les dosages. «Ça sera vraiment yin et yang, un peu de yin dans le yang, un peu de yang dans le yin»… comme on le voit dans la représentation du symbole.
Une représentation que jaime bien, tirée de cesite
J'ai donc imaginé:
Baume yin (dominante rose)
65g huile de coco 10g huile de moringa 7g macérat de rose maison 22g huile de sésame 10g macérat de jasmin grec 8g huile de pastel 3 g macérat de laurier-matricaire 20g cire d'abeille en feuille 10gtes anti ox 2g beurre de jojoba
10gtes Epp 10 gtes extrait CO2 carotte 25 HE camomille romaine diluée à 50% dans jojoba 3gtes HE rose indienne 20gtes HE lavande vraie 5 HE santal d'Ouvea (merci Catherine) 5 HE Gulestan (mélange d'huiles ess afghanes) 10 HE rose bulgare diluée à 5%
Baume yang (dominante camomille)
65g huile de coco 10g huile de moringa 7g macérat de rose 23g huile de sésame 3g macérat de jasmin grec 7 huile de pastel 9 macérat matricaire laurier 20g cire abeille en feuilles 10gtes anti ox 2g beurre de jojoba
10 gtes EPP 10 gtes extrait CO2 camomille 20 gtes HE camomille romaine diluée à 50% dans jojoba 10 gtes HE rose bulgare diluée à 5% 1 gte HE rose indienne 30 gtes HE lavande 10 gtes HE santal d'Ouvéa 10 HE Gulestan
A gauche, le baume yin, jaune orangé avec l'extrait CO2 carotte, à droite, le yang nuancé de vert avec les camomilles
Variations parfumées
1. J'ai joué sur les macérations huileuses. J'ai gardé le même dosage pour le macérat de rose car il a à la fois une note fleurie et verte, caractéristiques que m'intéressaient. L'huile de coco indienne très parfumée donne un "fond " chaud.
Pour le baume yin, j'ai accentué la note florale avec le macérat de jasmin. Pour le baume yang, j'ai plus dosé en macérat laurier matricaire, plus "vert".
2. J'ai nuancé les CO2 et les HE. Pour la camomille, l'HE de camomille romaine de Norfolk essential oils (je l'achète diluée à 50% dans du jojoba, sinon, les frais d'envoi sont excessifs) est un délice de douceur olfactive, C'est une des rares huiles essentielles que je n'achète pas bio, alors que je pourrais le faire ailleurs, tant son parfum est fin. J'en ai mis dans les deux formules, pour sa finesse précisemment. J'ai remarqué qu'en la couplant avec un extrait CO2 de camomille, on obtenait beaucoup de suavité. Par ailleurs, dans le mélange Gulestan composé avec des HE afghanes, il y a de la camomille sauvage. Pour le baume yang, que je voulais avec une note verte la plus douce possible, j'ai donc privilégié les camomilles. Pour le baume yin, j'ai joué sur les roses. Mélanger plusieurs notes roses complexifie beaucoup le parfum. La rose bulgare est plus aérienne mais plus légère que l'indienne. Ce sont toutes deux des damascena. J'ai arrondi le tout avec de la lavande, merveilleux harmonisant et avec le santal de Nouvelle calédonie offert par Catherine, qui a une note fumée surprenante. Il apporte un peu de mystère boisé aux feuilles et aux fleurs, majoritaires.
Résultat
*Le baume yin sent d'abord… le bonbon anglais à la rose (je ne sais pas si ça existe, mais c'est ce qui me vient à l'esprit comme image) puis les notes de camomille sortent.
*Le baume yang a une incroyable odeur verte-fruitée excessivement douce, puis le fruit s'atténue.
Si vous voulez offrir des baumes, préparez les une semaine voir dix jours à l'avance. L'odeur qui ne se fixe pas tout de suite murit incroyablement. Je ne garde jamais les baumes au froid, sauf exception.
Textures
J'ai pioché dans l'une de mes innombrables variations baumesques (faire des baumes est une addiction… ). Comme je voulais utiliser une cire d'abeille bio (moins fine) que j'ai en quantité, j'ai incorporé du beurre de jojoba fabriqué maison selon latechniquesuggérée par Michèle, car il apporte une très grande onctuosité. Avec les cires moins fines que celle de Bilby et d'Aromantic, j'ajoute de la lécithine. Je n'en n'avais plus, mais bonne nouvelle: le peu d'alcool cétéarylique contenu dans le beurre de jojoba et l'huile de coco suffisent à amadouer cette cire bio un peu raide. Comme l'acide stéarique, l'alcool cétéarylique a aussi l'avantage de ralentir la prise d'un baume, ce qui permet d'ajouter les HE à tiède, opération quasi impossible si on n'utilise que de la cire d'abeille, le mélange figeant très vite. J'ai aussi constaté que la texture des baumes renfermant de l'acide stéarique et/ou de l'alcool cétéarylique ne se stabilisait vraiment qu'au bout de quelques jours. Au début, ils semblent presque trop fluides, puis ils se font.
Le mélange huile de coco+cire d'abeille+beurre de jojoba est une base que je recommande vivement pour sa merveilleuse souplesse et finesse.
Avec cette base, on peut ensuite s'amuser avec le choix des huiles. J'utilise des macérations parfumées dans les baumes. Outre leurs vertus thérapeutiqurs, elles en sophistiquent le parfum. Mes préférées (pour leur odeur): -la rose -la rose macérée avec du laurier -la rose macérée avec de la vanille -la vanille -le laurier macéré avec de la matricaire -la matricaire
Je n'emploie le macérat de lavande (que j'achète au Gattilier ou chez Sylviane Reina) que pour les baumes pour bébé car il a tendance à dominer.
Comme j'ajoute toujours des anti oxydants en quantité dans mes macérations parfumées, que j'en mets aussi quand je fais chauffer mes huiles, ils se conservent plus d'un an sans broncher… même s'ils voyagent.
j'ai hésité à te laisserce commentaire.... Ba oui, rien à faire, je suis tjs en train de chercher la petite bête (c'est pour cela qu'il ne faut pas me faire de cadeaux !)Voilà, j'adore ce baume Yang. Son parfum me "parle", me rassure. Peut être encore plus que le baume de la luneMais je me pose une question quant à sa texture.Il n'est pas totalement homogène, il y a des petits grains. Est ce la cire d'abeille ? Pas portée à son point de fusion ?Mais c'est pourtant les même % que le baume de la Lune. Ou alors peut être parce que je ne le conserve pas au frais ?Pour ma part, et tjs à bonne école Vénézienne, je trouve que ta base avec de l'acide stéarique sans cire donne les meilleurs textures homogènes et onctueuses. Et ceci sans passer par le frigidaire Tu sembles préférer pour ta part, les baumes avec la cire d'abeille. Je me trompe ?
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Je ne pense pas que ce soit la cire. J'ai observé ça sur deux ou trois baumes; je me demande si ce n'est pas le mélange de certaines HE.<br />
Pour le baume yang, les grains comme tu dis ne sont pas apparus tout de suite, mais, semble- t il recemment. (j'essaie de garder un minuscule pot pour voir l'évolution, mais ce n'est pas<br />
toujours le cas… j'ai plein de baumes qumanquent à la collection… il faut dire que j'en fais beaucoup aussi… )<br />
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patte
26/10/2008 12:52
Ouff ! c'est le parcours du combattant pour te laisser un comm...je viens de trouver la solution en passant par le cache de GoogleLe baume Yang est le petit frère du fameux baume de la Lune !Miss camomille noble prend ses aises et domine les autres senteurs. Sauf, que j'ai la sensation qu'en note de fond, c'est Mr santal qui prend le dessus.La texture est en effet très souplen onctueuseEt même pas trop grasse, étonnant car tu n'as pas mis d'amidonMerci Princesse
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Merci Dryade, l'idée effectivement c'est de donner des idées pour inciter à faire (ou plutôt a s'en inspirer)<br />
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patte
11/09/2008 18:43
pour en revenir à ton comm sur la lavande aspic, il semble avoir lu dans Franchomme, qu'elle n'était pas du tout apaisante mais tonifiante. Pour un réveil tonique le matin..
Coucou Vénézia,merci pour les précisions. J'ai trouvé ta recette avec la lécithine. C'est fou, je pourrais relire et rerelire tes articles sur les baumes... c'est tjs un tel plaisir. J'avais zapé la présence de lécithine... Finalement, j'ai fait des baumes plus comme tes derniers nés car hier j'ai fait une erreur en voulant faire un beurre de jojoba et je voulais tester. On pourrait parler de beurre de jojoba-coco!!!
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ça ne doit pas mal marcher, coco-jojoba…<br />
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Loulou
09/09/2008 14:49
Vénézia, je ne connaissais pas l'association cire d'abeille + lécithine. Je vais retourner lire tes recettes de baumes, il ne semble pas avoir vu ce mélange... Quel type de lécithine privilégies-tu? La liquide ou celle en granules? C'est incroyable toute cette versatilité autour de ces baumes! Et que dire des descriptifs olfactifs qui s'y rapportent... un transport des sens!!!
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Bonjour Loulou,<br />
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j'utilise de la lecithine, bio, liquide (consistance un peu épaisse… il faut légèrement la rechauffer pour la fluidifier). Elle assouplit vraiment la cire. j'avais testé ça sur une idée de<br />
Michèle car j'ai acheté l'an dernier… un kilo de c ire en feuilles, certes bio, mais qui donne une certaine raideur aux textures. Avec un ajout de lécithine, le résultat est vraiment<br />
super.<br />
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michele
08/09/2008 22:07
Coucou Venezia,J'ai entamé hier soir un baume tulsi-rose que tu m'as offert il y a quelques semaines.Sa texture est si incroyable, si suave pour employer un de tes termes que je viens de parcourir les index sans en trouver la trace.J'espère que tu as gardé la recette quelque part et que tu pourras me la donner. Il est formidable! Je voudrais le refaire pour les pieds, nouvelle version pour l'hiver après le gel de Loulou pour l'été.
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C'st le mélange des beurres qui fait tout.<br />
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michele
07/09/2008 21:09
Mais comment arrives-tu à imaginer de telles associations d'odeurs? Car tes supports odorants sont si multiples: macérats huileux, HE, CO2, HV odorantes, cire d'abeille...Je garde souvent un fond de chaque baume que tu m'offres et je suis aussi surprise de l'évolution des senteurs, plus douces, plus rondes au fur et à mesure que le temps passe.Il me reste une certaine nostalgie d'un baume réveil matin que j'ai fait durer au delà du raisonnable et que tu m'as refait dernièrement. Si la menthe parle en premier, elle vieillit ensuite très bien et se marie finalement au reste sans crier gare.Avec ces derniers baumes, j'ai du mal à imaginer le résultat. C'est virtuellement trop complexe pour moi; il faut que je mette le nez dessus pour savoir.Je suis surprise que la lavande en HE se fasse oublier et ne soit presque qu'une "passeuse" alors qu'en macérat huileux, elle domine.Il faudrait vraiment que je me penche sur l'odeur de ces macérations huileuses que tu avais rapidement abordée dans ton article sur "parfumer ses créations".J'ai dilué un peu d'HE de santal d'Ouvéa de Catherine au 1/5 dans du jojoba il y a quelques jours pour qu'il prenne un peu d'espace.Je viens d'en frotter une goutte sur le dos de la main. Au départ, je me suis retrouvée illico dans une case kanak qui sent toujours discrètement la fumée (qui sert à assainir la toiture) puis, très vite, j'ai "transplané" à Mysore (Pardonne le vocabulaire Harry Potter mais je trouve ce mot formidable).Il est un peu moins mystérieux et plus acide que le santal de Mysore mais il est tout à fait honorable.Qu'en penses-tu? Catherine avait l'air déçu mais ce santal n'a pas à avoir honte de ce qu'il est. Il a quelque chose de plus que celui de l'Ile des Pins.Merci ma toute belle pour ce duo irrésistible. Tout un équilibre.
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Je trouve que multiplier les nuances sur une meme note enricht sans trop partir dans tous les sens. Je regarde souvent -ce qu'on peut en voir- les pyramides olfactives des grands parfums…<br />
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Je pense que certains macérats de lavande divent être faits avec de la lavande aspic, plutôt camphrée. Pour mes mélanges d'HE, je 'utilise que la lavande vraie, qui se faufile en douceur.<br />
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Le santal d'Ouvea me plait beaucop, il est moins suave qu celui de Mysore, mais j'adore sa note fumée. Je vais essayer d'en diluer un peu, comme tu l'as fait, bonne idée…<br />
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patte
07/09/2008 16:28
Effectivement, sur Nortolk, l'he de camomille noble diluée est fort intéressante. En plus, pouvoir choisir son huile de support ! 30 ml pour 12 €..+ 7 € de fdpTrès très raisonnable
Quel plaisir de lire un article sur les baumes! Depuis que je fais ta recette avec l'aide stéarique, j'ai mis la cire d'abeille de côté. Voilà que tu viens me chatouiller avec. Je vais aussi m'essayer au beurre de jojoba que je ne n'ai pas encore testé. J'adore les baumes et j'aime bcp les "observer" vieillir, ils gagnent en maturité sur le plan olfactif.