Emportée dans la grisante aventuresavonnesque, je ne voulais pas attendre trop longtemps avant de tester un ingrédient quasi -obligatoire en raison du nom même de ce blog: le petit pois. J'ai regardé: pas l'ombre d'un savon au petit pois sur internet… une occasion de plus pour me lancer dans le vide.
Choisir le petit pois n'est pas seulement un clin d'œil au conte d'Andersen. C'est unlégumebourré d'oligo éléments, de vitamines B qui résistent bien à la cuisson et donc à la soude… et ne peuvent que faire du bien à la peau.
Mais avec qui le marier? A l'anglaise, avec de la menthe, c'était une évidence d'autant que Michèle m'avait indiqué un jour que l'hydrolat de menthe résistait bien à la soude. Or je cherche toutes les substances -autres que les HE- capables de doper le parfum d'un savon. Une union si sage et attendue avait besoin d'un peu de piment. Comment la dynamiser sans tout flanquer en l'air? J'ai pensé à la myrrhe… d'où le nom orientalisant de ce savon.
Pourquoi elle? D'abord parce qu'elle est considérée comme un bon fixatif d'odeurs, comme le benjoin que j'aime bien mais dont je trouvais la rondeur vanillée trop douce pour ma composition champêtre. La myrrhe a un parfum chaud, résineux, un peu sombre, qui me semblait intéressant. Par ailleurs, traditionnellement, on la considère comme un bon anti inflammatoire aux propriétés antiseptiques. J'ai choisi la poudre de myrrhe plutôt que l'HE… et c'est là que les choses se sont corsées. J'avais lu sur le net que chauffée dans l'huile (j'ai utilisé du jojoba, stable à la chaleur), elle se dissolvait sans problème… je peux témoigner, c'est faux… J'ai aussi tenté de la faire fondre dans une teinture alcoolique à froid puis à chaud, sans résultat. J'ai donc décidé d'utiliser mes essais en les incorporant à d'autres ingrédients.
Les huiles
J'ai commencé à utiliser mon premier savon dont j'apprécie beaucoup la douceur et la tenue. J'ai donc gardé la formule de base en l'aménageant un peu pour varier les plaisirs; j'ai cherché des huiles dont le coefficient de dureté se rapprochait de celui du karité (116) … et j'ai trouvé l'huile de noix de macadamia (119), recommandée pour les peaux sèches et fragiles mais à l'odeur assez forte, qui avait néanmoins toutes les chances de s'évanouir lors de la saponification.
Le liquide de dissolution de la soude
J'ai choisi de mélanger deux hydrolats de menthe: poivrée et douce, au parfum plus chewing gum. Et je les ai mélés à la teinture de myrrhe.J'ai d'abord réduit au maximum sur le feu 10g de teinture de géranium (à 45°) avec 1g de myrrhe et quand il n'est plus resté que la poudre mouillée, je l'ai filtrée à plusieurs reprises avec les hydrolats qui se sont colorés en brun. Leur odeur s'est infléchie. J'ai coupé avec de l'eau. Même s'il n'y avait manifestement plus d'alcool après cet épisode, quand j'ai versé mon mélange de soude dans les huiles, la trace est apparue sur le champ.
Les ajouts
* J'ai utilisé l'HE de menthe douce et je l'ai arrondie avec de la lavande. J'ai préparé le mélange à l'avance pour que les parfums puissent s'entrelacer et j'ai utilisé comme support de l'huile d'avocat (anti peau-sèche et de couleur verte… )
* J'ai prévu d'incorporer de la spiruline pour renforcer le ton
* J'ai décongelé 60g de petits pois bio de Picard (exquis, j'en fais une grande consommation … à table). Je les ai mixés en les détendant avec l'huile de jojoba à la myrrhe déjà préparée et obtenu une purée un peu grossière. J'ai mis le tout à congeler en glaçons.
Le vizir des pois
A préparer à l'avance
*dans 10g huile d’avocat: 10g HE lavande matherone 5g HE menthe douce
*dans 10g d'huile de jojoba, 1g poudre de myrrhe.
*60g petits pois bio décongelés, mixés avec l'huile de jojoba à la myrrhe, puis mis en glaçons
-dans 10g teinture de géranium à 45° 1g de poudre de myrrhe, réduit complètement chauffé et flambé
Liquide de dissolution
75g hydrolat menthe douce 50g hydrolat menthe poivrée avec la teinture de myrrhe réduite filtrée deux fois avec les hydrolats, le tout mis à congeler en glaçons 101g eau déminéralisée gardée au froid.
Huiles et beurres
240g karité 80g huile de macadamia 168g huile d'olive 120g huile de coco vitamine E
soude pour un surgraissage à 5-6%
A la trace
-½ cuill à café de spiruline diluée dans un peu de pâte à savon - les glaçons de petits pois, à incorporer à la spatule - les huiles essentielles diluées dans l'huile d'avocat
Pour l'instant, le Vizir des pois sent la menthe… et son mouchetage petit-pois est très vert…
J'ai attendu le 4/10 pour ma douche au mamelouk VenezienLa menthe est très présente sur le savon sec, mouillé il prend une autre dimension plus chaude et rondeLa mousse est laiteuse et "collante" pas pégueuse hein! je ne trouve pas le mot...une mousse présente tant par l'odeur boisée que la texture qui enveloppe...Très agréable est le mot en bref Je reviendrais avec les mots pour le dire foi de littéraireA bientôt Princesse
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merci Mlk, je ne l'ai pas encore testé, c'est le prochain sur la liste; j'ai effectivement remaqqué en testant divers savons fait main que le parfum se développait différemment à sec ou mouillé…<br />
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M
michele
07/09/2008 21:19
Désolée, je pollue tes commentaires, ça ne fonctionne pas :(
Je suis encore "bluffée"! Et dire que tu es une débutante... p-ê étais-tu une savonnière ds une autre vie,non? Belle démonstration savonnesque qui va en stimuler qq'unes! Je serais curieuse de voir à la fin de la cure et avec le temps si les petits pois ne s'oxydent pas. A suivre donc.
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Pour l'insant, les petits pois que je surveille de près restent verts. Peut être que la myrrhe les protège…<br />
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V
Vanessa
07/09/2008 11:11
J'en reste baba devant tant de créativité!! C'est totalement original: jamais fait, un peu fou mais délicieusement tentant... Quelle audace pour une débutante en savonnerie!
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je crois que la curiosité est un très puissant moteur…<br />
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C
chabou
07/09/2008 07:56
Venzia, si j'ai bien compris, tu as détendu les petits pois avec de l'huile de jojoba et mixé avec d'autres ingrédients avant de congeler le tout pour dissoudre ensuite la soude ?L'huile n'a-t"elle pas posé de problème pour la dissolution ? Ne s'est-elle pas saponifiée ? Tes expériences vont nous faire diablement avancer !
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Chabou, j'ai mixé les petis pois avec l'huile à la myrrhe et j'ai congelé en glaçons, mais je n'ai ajoutéces glaçons qu' à la trace. En revanche, j'ai utilisé les hyfrolats à la myrrhe pour<br />
diluer la soude.<br />
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M
mlk
06/09/2008 16:01
@Michèle chechiah, je crois le chapeau du mamelouk Venezien
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Vous parlez des couvre chef tronc conique comme un chapeau de magicien, la pointe en moins?<br />
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M
michele
05/09/2008 17:15
J'aurais eu beaucoup de mal à le visualiser celui-là!Il a la forme de ces chapeaux rouges avec une passementerie noire que l'on trouve en Orient et dont je ne me rappelle plus le nom.Il porte donc doublement bien son nom de "Vizir des pois".Est-ce que ton huile sentait un peu la myrrhe?Je trouve que les résines se laissent difficilement capter autrement qu'à la distillation et sur les braises.Je dois mettre de l'encens dans de la glycérine, tiens!As-tu testé la mousse avec des gants pour voir si cette jolie Légumineuses apporte un velouté digne de son côté farineux?Je n'ai jamais saponifié de macadamia. Tu bouleverses mes certitudes savonnesques.J'adore!
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Pour lz myrrhe, l'odeur un peu résineuse est sortie quand j'ai passé les hydrolats… avec l'huile, j'attends de voitr avec ma mixture petits pois… J'ai testé: la mousse me semble impec. Quant au<br />
macadamia, je suis d'abord partie du fait que son coefficient de dureté m'interessait.<br />
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M
malegria
05/09/2008 09:38
Venezia je n'en reviens pas. On retrouve ta griffe et ton raffinement parfumé dans les savons. Cette recherche de senteurs par la myrrhe, l'hydrolat, etc tu m'épates.Surtout que tu découvres les savons...Merci pour ce savon gourmand, gourmet, aux si belles propriétés cosmétiques.