Dans le jardin breton que je visite bien trop rarement, trône un vieux rosier envahissant aux petites fleurs d'un rose-rouge très pimpant. Leur parfum est discret, légèrement feuillu… pas de quoi tomber à la renverse. Mais pour la Toussaint, ce buisson manifestait tant de vigueur et d'exubérance, déployant dans une vivacité allègre des centaines de fleurs qu'il m'a semblé intéressant de lui "emprunter" un peu de son énergie si joyeuse et colorée. J'ai donc récolté les pétales à pleins paniers (plus de 250g ) et les ai rapportés à Paris.
Huile de roses
J'avais gardé en mémoire la recette enchantée expérimentée en juin dernier par Michèle. Elle l'avait racontée avec tant de jubilation sur le blog collectif Potions et chaudron que j'ai voulu la tenter à mon tour. Cette recette ancienne provient du livre L'herboristerie de Patrice de Bonneval (ed. Le Sureau).
Le panier, brésilien, est en feuilles de papier glacé de récupération, entrelacées.
L'opération s'accomplit en trois étapes, avec, pour chacune, une nouvelle provision de pétales frais. J'ai donc dû condenser le making of car je savais que je n'aurai à ma disposition que ma seule et unique moisson rose.
Le soir même de mon retour à Paris, j'ai pilé 50g de pétales que j'ai placés dans un pot en versant dessus 100ml d'huile -jojoba (50ml), argan (20ml) et sésame (30ml), plus 5 gouttes d'anti oxydant-. Puis, au lieu d'exposer huit jours le mélange à la chaleur du soleil comme il est prévu, j'ai mis le pot au bain marie pendant une heure et demi. J'ai filtré, recommencé l'opération avec à nouveau 50g de pétales frais pilés, laissé une heure au bain marie, éteint le tout puis suis allée me coucher (il était déjà fort tard… ). Le lendemain matin, j'ai remis encore une heure au bain marie puis filtré avant d'ajouter 50g de pétales frais pilés. J'ai emballé le pot dans du papier kraft et l'ai posé sur un radiateur. Il faut donc 150g de pétales frais pour 100ml d'huile végétale. La recette racontée par Bonneval est à l'huile d'olive; comme Michèle, j'ai préféré en choisir de'autres au parfum plus neutre.
Aspect et parfum confiturés
J'ai filtré au bout de 6 jours (en respirant le pot tous les jours, craignant une fermentation). L'odeur était très curieusement celle… d'une confiture de rose, très suave, mais néanmoins herbacée. J'ai remis au bain marie plus longuement pour "consumer le suc des roses" comme l'écrit si joliment Bonneval. Puis j'ai filtré à nouveau avant de laisser décanter.
Taches écarlates sur huile rosée
Le résultat est moins rouge que celui présenté par Michèle avant décantation, mais le parfum est bien présent, assez feuillu.
Huile filtrée, assez claire, versée dans un flacon ancien pour lui faire honneur
Que vais-je en faire? Sans doute en incorporer à ma nouvelle panoplie de base plutôt minimaliste que je vais prochainement présenter ici.
Miel rosat
Il me restait des pétales, je me suis souvenue que l'herboriste Marie Antoinette Mulot dans Les secrets d'une herboriste (ed. France Loisirs) donnait une simplissime recette de miel rosat - à réaliser à partir de roses rouges- que j'ai aussitôt concoctée. J'ai utilisé un miel bio de Nouvelle Zélande, "sauvage" car récolté en forêt, (rapporté de Londres). Je le trouve trop costaud en goût pour le consommer mais sa puissance me convient pour mes essais thérapeutiques.
A l'origine le miel néo zélandais a déjà une teinte sombre
Il suffit de faire bouillir pendant 10mn 20g de pétales frais de rose rouge avec 100g de miel puis d'exprimer fortement au filtrage. J'ai testé hier (une demi cuillérée à café, plus miel que rose… ) pour contrer un début d'enrouement. Je ne sais si c'est ça qui a marché ou le fait de croquer dans la foulée de la vitamine C… mais j'ai eu très vite la gorge claire.
… et avec le reste des pétales?
… que j'ai laissés sécher à l'air libre: j'en corse mon infusion matinale de thé vert.
Rose-thérapie
Pourquoi les roses rouges sont-elles si souvent privilégiées dans les recettes? Je suppose parce que ce sont les plus riches en anthocyanes, pigments colorés très anti oxydants.
Je viens de découvrir dans un très beau livre qui vient de paraître: Plantes de Dieu, plantes des hommes, les élixirs des monastères de Guy Fuinel (magnétiseur et très calé en phytothérapie, il a été cueilleur de plantes, travaille avec Elixalp) (ed. Amyris) une distinction à propos des roses que je n'ai pas lue ailleurs. Il explique que les roses de Damas (rosa damascena) sont laxatives, particulièrement conseillées aux enfants, tandis que les pétales de roses de Provins sont au contraire astringentes et légèrement toniques.
Un mot sur le livre de Fuinel: il passe en revue 17 produits élaborés dans des monastères: eau d'Emeraude, de Mélisse, reine blanche, etc. (sans hélàs donner leur composition exacte, secret de fabrication oblige, mais avec des pistes à chaque fois) et présente également 27 plantes européennes avec un bref rappel thérapeutique et surtout les sens symboliques qui leur sont attachés. En prime, magnifiques photos.
Par ailleurs, dans un autre ouvrage encyclopédique consacré aux roses, Roses de France (ed. Imprimerie nationale, 1998) j'ai découvert que l'usage voulait qu'on utilise les roses de Provins encore en boutons et non épanouies pour optimiser leurs effets thérapeutiques.
Bonjour et merci pour ce blog, attention au miel (je suis apicultrice) à ne jamais faire bouillir sinon il perd toutes ses qualités (ne pas faire chauffer à plus de 35 degrés).
Bonjour Verîot, <br />
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Le miel rosat est une vieille recette traditionnelle dont j'ai respecté les codes. <br />
On peut bien sur la moderniser, mais ça m'intéressait de la tester telle qu'elle a été transmise.
J
josy15
17/06/2011 11:42
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Je suis tombeé sur ton article qui à l'air assez complet, je vais essayer des deux recettes, j'ai deux rosiers de provins et cette année ils donnet bien. bonne journée<br />
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Autrefois, on utiisait pour les préparations les roses de Provins encore peu ouvertes<br />
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N
Nansou
27/09/2009 17:35
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super, merci pour tes conseils!<br />
Nos grands-mères savaient, je louchhhhhhhhe dessus !<br />
je crois que je vais le prendre, et un de ceux que tu cites... ça me fera un bon début !<br />
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pardon, je te parlais du livre de Fuinel !<br />
En fait, je tente de me constituer une biblio intéressante sur les plantes... j'ai très peu de livres, alors je regarde, je lis les com et les impressions de chacun.. mais dur pour se décider !!!<br />
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Alors si tu veux te constituer une bibliotheque de phyto, ce n'est pas le premier à acheter, je trouve.<br />
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*Si tu as des bouquins à te faire offrir, ce serait par exemple les deux tomes ( aux editions ouest france) de Jacques Fleurentin:<br />
"les plantes qui nous soignent" et "les plantes médciinales". c'est très mal titré, car en fait, il s'agit de deux tomes consacrés aux principales plantes médcinales classées par thèmes<br />
(pour le cœur, les nerfs, etc. ) . avec ce qui est démontré pharmacologiquement, les usages, la réglementation, les dosages, photos magnifiques et surtout, à mes yeux, avec le<br />
livre de Morel cité plus bas, c'est la meilleure synthèse des connaissances actuelles en phyto. Fleurentin est pharmacien (et il avait fait sa thèse… sur l'encens) . comme c'est plante<br />
par plante (à la différence de Morel, c'est plus facile à utiliser).<br />
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*Une somme, un peu austère, mais une vraie somme: "traité pratique de phytothérapie" de Jean Michel Morel (medecin phyto, très grand connaisseur) aux ed. Grancher; avec des exemples de<br />
prescription. (avec parfois des HE) , la forme galénique la mieux appropriée, etc. classé également par discipline médicale. Presque aussi touffu que "l'aromathérapie exactement"mais aussi<br />
indispensable…<br />
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Après, il y en a plein d 'autres également, très utiles… Par exemple,<br />
en livre de poche, un bouquin des années 70 que j'aime beaucoup<br />
Jean Palaiseul: "Nos grands mères savaient". Palaiseul a utilisé les données de la phyto classique, il sait manifestement de quoi il parle, c'est très facile à lire car le style est fluide ,<br />
je le traine avec moi depuis … trente ans… Antoinette Mulot, qui était herboriste, a beaucoup pompé dessus dans ses livres.<br />
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N
Nansou
27/09/2009 14:45
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Ce livre me semble intéressant.. le consultes-tu souvent ?<br />
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comme j'évoque pluseurs livres dans l'article…<br />
je te dirais:-que le livre-de Fuinel sur les plantes du monastère est aussi interessant que frustrant, car il ne livre aucune formule!<br />
-que celui de Bonneval (herboristerie) est un grand classique, mais j'ai plusieurs livres de phyto, donc il fait partie de ceux que je regarde, mais il n'est pas le seul;<br />
-que le livre sur les roses anciennes est magnifique, mais réservé aux fana des roses ancienness…<br />
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S
syl
14/09/2009 22:44
"Un mot sur le livre de Fuinel: il passe en revue 17 produits élaborés dans des monastères: eau d'Emeraude, de Mélisse, reine blanche, etc. (sans hélàs donner leur composition exacte, secret de fabrication oblige, mais avec des pistes à chaque fois) "Meeuu, non, ce n'est pas une devinette, je voulais juste aider!!Suffit de relire le texte de départ Fou comme on peut parfois oublier ce qu'on a dit ou écrit, quelques moments plus tard, non?Ca m'arrive aussi, pas de problème!Très chouette recette avec les roses, mais quelle patience!!
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merci poiur le message… c'est à dire qu'ici je parlais des roses, et je n'avais pas fait le lien avec la mélisse-que j'apprécie breaucoup-- citée en passant!<br />
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S
syl
12/09/2009 09:17
Bonjour!Voici une recette d'eau de Mélisse donnée dans le livre : "secrets des plantes" de michel Lis et michel Pierre Ed. Artemissommités fleuries de mélisse fraîche : 900 grZeste de citron : 150 grEcorce de Cannelle de Ceylan : 80 grClous de girofle : 80 grNoix de muscade : 80 grSemences de coriandre : 40 grRacines d'angélique : 40 grAlcool à 80° : 3 lFaire macérer les plantes dans l'alcool durant 4 jours, distillez au bain-marie. Une simple macération peut être faite en mettant 200 g de mélisse sèche et en utilisant de l'eau de vie ou du rhum à la place de l'alcool.Bon amusement ;-)
je te lis et relis depuis bien longtemps ,merci pour tous ces précieux articles et conseil !j'ai dans mon jardin divers sorte de rosier dont un qui me fait de l'oeil (je ne connais pas son mon)c'est un rosier ancien,aux fleurs jaunes très très odorantes, penses-tu que je puisse en faire un macerat ?merciisa
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Ce sont plutôt les roses rouges qui sont "médicinales" ,notamment en raison des pigments d'anthocyane liés à la couleur. Mais si tes roses ne sont pas traitées, pourquoi ne pas essayer un macérat?<br />
Tu auras déjà le parfum Par ailleurs les porpriétés médicinales des roses ne sont pas uniquement liées à la teinte de leurs pétales. Donc à toi de tester, et tu nous diras.<br />
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Merci, merci, merci !!! Tous tes conseils me sont précieux et vont me guider dans la fabrication de ce macérât tant désiré. J'espère bientôt avoir assez d'assurance pour pouvoir guider les autres à on tour !