C'est au détour du plus merveilleux des blogs découvert récemment, et dont le nom me fascine -il s'appellele Divan Fumoir Bohémienet provoque un bonheur de lecture et de contemplation sans égal…mais je vous laisse la surprise - que j'ai fait cette belle trouvaille: le livre d'une historienne, Catherine Lanoë, La poudre et le fard, une histoire des cosmétiques de la Renaissance aux Lumières(éditions Champ Vallon).
Il étudie, à l'appui d'archives notamment, l'évolution des produits de beauté employés sous l'Ancien Régime, en s'attachant au passage à leur élaboration, ce qui ne peut qu'intéresser une bricoleuse cosmétique maison. Il ne se dévore pas d'une bouchée mais se savoure peu à peu car il égraine, entre deux analyses serrées de l'esthétique des fards, des informations précieuses à glaner au fil des pages.
Je livre ici celle qui m'a le plus séduite… une histoire de roses…
La rose de Provins vue par Redouté, à retrouver surce site fleuri Sous l'Ancien Régime, les "poudres de senteur " destinées à parfumer les poudres réservées à la chevelure ont la côte. Si quelques formules sont connues,"des gestes techniques qui permettent de créer des poudres, en revanche, les rares recettes manuscrites n'en disent rien", remarque Catherine Lanoë (p. 105), même s'il s'agit le plus souvent simplement "d'écraser et de mélanger des substances odoriférantes au moyen de mortiers et de pilons". Elle évoque la délicate technique proche de l'enfleurage réalisée avec des fleurs fraîches, mais aussi celle, plus aisée, effectuée avec des produits secs réduits en poudre avant d'être mélangés à de l'amidon puis soigneusement tamisés. Elle note la bonne connaissance qu'ont les parfumeurs de leurs ingrédients. Ainsi ils savent que "si les roses pâles et les roses muscades fort odorantes lorsqu'elles sont fraîches, deviennent inodores en séchant, les roses rouges de Provins, quant à elles, n'exhalent leur parfum qu'à la condition d'être sèches".
J'avais lu à plusieurs reprises que les Provins étaient des fleurs inodores, ce que contredisait mon nez, sensible aux suaves senteurs dégagées des sachets de fleurs sèches que j'ai pu acheter ça ou là.Cette remarque résout enfin le mystère attaché au parfum de ces roses rouges. Le livre consacre également de nombreux paragraphes aux pommades, c'est à dire aux baumes. J'y reviendrai, expériences faites…
Lien
L'une des références de Catherines Lanoë, l'ouvrage de Simon Barbe:Le parfumeur français qui enseigne toutes les manières de tirer les odeurs des fleurs, & à faire toutes sortes de compositions de parfums : avec le secret de purger le tabac en poudre, & le parfumer de toutes sortes d'odeurs, pour le divertissement de la noblesse, l'utilité des personnes religieuses & nécessaire aux baigneurs & perruquiers.(Cambridge, 1990, Reprod. de l'éd. de Lyon : chez Thomas Amaulry, 1693).132p. Egalement citésur le Divan fumoir bohémien, il est accessible sur le serveurGallica de la BNF