Un article du sabot de la vierge, le blog de Nadyne la Canadienne (qui annonce hélàs sa fermeture… ) me fait beaucoup réfléchir depuis que je l'ai lu. Pour celles qui ne connaissent pas, Nadyne se raconte avec beaucoup de sensibilité, de flamme ou de spleen. Elle ne laisse pas indifférent. Par ailleurs, bricoleuse dans l'âme et grande amie des plantes, elle fait partie de celles dont le blog, créé en janvier 2006, a popularisé la cosméto-maison. Elle s'est associée à Mary, autre canadienne, dans la fabrication et lavente de savons et potions. Mary a initié unforum de discussiontrès convivial pour les touilleuses maison (plus de 500 participants aujourd'hui), qui a pris la suite des mythiques Banlieusardises. Le 23 février 2008, Nadyne s'étonnait, après une absence de la blogosphère, de la course effrénée aux nouveaux ingrédients qui titille les fans de la confection cosmétique artisanale…
C'est une question que je me pose souvent aussi de mon côté.
Après des années où je me suis surtout -et d'abord- intéressée aux plantes et où je bricolais quelques produits à consommation immédiate, je me suis engagée, il y a trois-quatre ans, dans la fabrication maison. A la fois parce que j'ai une peau très intolérante, mais aussi dans un souci de simplification minimaliste. Paradoxe: pour simplifier, il faut tester… Qui n'a jamais révé de trouver la formule magique et unique qui rendrait toutes les autres obsolètes? C'est donc une quète quasi alchimique … qui peut expliquer le désir d'essayer des ingrédients nouveaux. Quand je cède à une nouveauté, c'est d'abord parce qu'elle me semble polyvalente - à la lisière du thérapeutique… - comme l'eau d'Or, qui apaise vraiment beaucoup la peau ou le Regulat, bourré d'enzymes. Lorsque je craque pour une huile végétale, c'est pour sa composition qui me parait originale. Comme en cuisine, je préfère à priori les ingrédients bruts, d'où mon attirance pour les huiles, que je peux également "préparer" en macérations huileuses.
,Aujourd'hui, qu'est-ce que j'achète encore? Du shampoing (bio), du dentifrice (sans fluor), des produits solaires (bio), de l'eau d'Uriage en bombe et de la crème Effadiane, mes deux garde fous (non bios). Le savon, j'en reçois souvent en cadeau de mes copines … (et je pense bientôt m'y mettre). Je me maquille peu: un rouge à lèvres (Santé n°13), du blush en pigments (B&B, d'Everyday minerals) ou de la poudre de soleil d'Hauschka, du kajal (Biotique) pour les grands soirs.
Qu'est ce que je fabrique pour moi? Des baumes que j'utilise tous les soirs pour me masser les pieds ou les mains. une crème pour le corps, du cérat pour le visage et la poitrine, des cocktails apaisants pour les yeux, un démaquillant, un déo parfumé à usage intermittent comme celui des cocktails d'huiles visage, le soir. C'est à peu près tout ce que j'utilise. Parfois, pour offrir, j'imagine une crème sophistiquée pour le corps ou les mains dont je garde un échantillon, du baume pour les lèvres et mes fondants poudrés si pratiques en voyage -mais que je donne la plupart du temps… il m'en reste rarement. Je fais aussi des essais de parfums.
Pour mes proches, je confectionne des huiles pour se masser le plexus, des crèmes anti inflammatoires à foison, des compositions pour apaiser des bobos de peau, des baumes pour les cheveux, et, à la commande, des potions anti-couperose, anti- bronchite, anti-corne, anti-stress , etc. Le tout, après avoir potassé le sujet, essayé de rencontrer des pro… et en restant prudente, je le répète souvent ici, je ne suis pas médecin.
Avec la multiplication des sites de vente où l'on trouve toutes sortes de poudres, de beurres, d'agents texturants … sans parler de fragrances… on risque, effectivement, de céder à la surenchère et de se retrouver dans la même impasse consumériste qui est celle de la cosmétique conventionnelle, où l'on inventera bientôt une potion spéciale pour rajeunir chaque orteil…
Comment faire le tri entre l'indispensable et le superflu, en préservant une part de plaisir? Je suis bien incapable de répondre. Chacun (e) a son chemin à trouver; Pour moi, il serait de minimiser au maximum les produits utilisés, en préservant le confort et le plaisir. Si je mets parfois des formules sophistiquées sur mon blog, -car j'en fais-, ce n'est pas foncièrement ce que je recherche. Je reste persuadée que le corps a des capacités d'auto-guérison et de réparation que l'on risque d'amoindrir si on l'étouffe sous trop de sollicitude. Trouver le bon équilibre -ni trop, ni trop peu… - est un art difficile…
J'ai assisté récemment à un symposium d'aromathérapie à Grasse et j'ai été très frappée en écoutant des intervenants (infirmières, médecins) qui travaillent en hôpital avec des huiles essentielles. En raison de contraintes budgétaires strictes, leur choix reste minimaliste. Pourtant, les résultats sont là.
La quête de la jeunesse éternelle et de l'immortalité est aussi ancienne que le genre humain… ce qu'ont bien compris les marchands du Temple… y compris bio…