Je passe en revue les six chapitres en indiquant ce qu'ils m'inspirent. C'est mon avis, tout subjectif, non exhaustif, et qui n'engage que moi bien sûr…
Chapitre 1: les cosmétiques bio: où est la différence? Le plus-Rappelle que si dans la déclaration INCI , les composants d'un produit doivent être listés par concentration décroissante, en revanche, tout ce qui est présent à moins de 1% peut être affiché allègrement dans le désordre.
-Essaie d'expliquer tout le binz sur le calcul des pourcentages des ingrédients bio (faut s'accrocher un peu pour piger).
-Annonce la venue prochaine d'un label européen.
Le moins -Quand elle cite les labels bio… elle détaille trois français et un allemand (BDIH) mais fait quasiment l'impasse sur la Soil Association anglaise et l'AIAB italien, qu'elle évoque vite fait en une ligne! Rita Stiens est allemande, d'accord, mais enfin, ce n'est pas une raison…
Chapitre 2: les laboratoires: leur profil, leurs produitsLe plus-Fait l'historique des labo suivants et et explicite le caractère bio ou pas de leurs produits : Avène, Borlind, Cattier, Couleur caramel, Dr Hauschka/Wala, Florame, J. Paltz (pourquoi lui, plutôt confidentiel plus qu'un autre? ), La Roche-Posay, Lavera, Lea Nature, l'Occitane, Logona, Melvita, Nuxe, Phyt's, Sanoflore, The Body Shop, Vichy (ça aurait aussi pu être Klorane par exemple) , Weleda, Yves Rocher. Démystifie donc pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore quelques marques à l'image plus verte que leurs produits…
-Assassine les promesses faites par les marques. (Que Choisir le fait régulièrement… )
Le moins-Les absents: Résonances et Nature et Découvertes qui ont lancé recemment des gammes naturelles, avec, pour Nature et Découvertes, certaines formules pas OK. Origins, (même groupe qu'E. Lauder) poids lourd de l'apparemment correct avec d'excellents ingrédients, et d'autres, vraiments nuls, dans des produits très séduisants. Décléor, idem. Lush, idem, Natura Bresil idem, Neal's Yard Remedies idem. Or ce sont ces marques, justement, qui sont les plus délicates à juger: parfois OK, parfois non, selon leurs produits, ou tout simplement pas top du tout dans toutes leurs lignes malgré un emballage et des arguments "naturels" séduisants. (R. Stiens ignore pas mal le monde anglo-saxon… ). En France, dans les écolo-correct, elle aurait pu évoquer en passant: Forest people, Green Mama, Sultane de Saba … en Allemagne, Tautropfen… ou des marques qui vendent des produits minimalistes, presque des ingrédients: Centifolia, Arcs en sels, par exemple…
Chapitre 3: les cosmétiques sont-ils sûrs? Le plus -Fait un sort au bactéricide triclosan, présent partout, et qui peut entrainer à la longue une résistance aux bactéries… mais ce n'est pas un scoop.
-Explique bien que l'univers de la cosmétique joue aux apprentis sorciers avec des ingrédients dont on n'a pas mesuré les effets à long terme. 97% des produits chimiques ne sont pas ou peu étudiés, dit-elle. Elle évoque donc le projet REACH, destiné à dresser le répertoire de tous les produits chimiques employés au quotidien.
-Donne la liste des 26 substances odoriférantes reconnues comme allergisantes et qui doivent figurer sur l'INCI des cosmétiques… -sans obligation de préciser si elles sont synthétiques ou naturelles-, ajoute-t-telle.
-Evoque les colorants azoiques, ingrédients dangereux encore autorisés en Europe (mais quasiment plus employés aux USA).
Le moins
-Rita Stiens, encore un effort! Quand on lit que le géraniol naturel est moins allergisant que le geraniol synthétique, on aimerait bien comprendre pourquoi.
-Pour les 26 substances déclarées allergisantes, on aimerait en savoir plus.
Par exemple, tout simplement dans quelles huiles essentielles on les trouve sous leur forme naturelle. Sinon, ça reste des substances abstraites pour le commun des mortels.
-Démonstration un peu courte sur les parabens, le débat est bien plus complexe puisqu'ils existent sous forme naturelle et tolérée ( dans la vanille, le vin, le thé vert etc) et que l'étude anglaise qui faisait le lien entre cancer du sein et parabens a été contestée (ça ne signifie pas que j'approuve les parabens, mais je prêche pour la rigueur scientifique).
-idem pour les PEG pas top, on le sait, mais il y a des graduations dans leur toxicité.
Chapitre 4: Pour le bien de la peau et des cheveux Le plus:
-très intéressant: à partir d'une formule de crême mi-chevre mi-chou, elle démontre la difficulté de sa reformulation. Ce qui implique que les labo ne sont pas pressés de tout rebricoler, vu la galère que ça suppose…
-Fait des remarques de bon sens sur le fait que les ingrédients indésirables ne le sont pas tous au meme degré.
-Détaille les ingrédients bienfaisants (huiles et extraits végétaux notamment).
-Raconte l'histoire du Lonicera Caprifolia, nouveau conservateur providentiel, mais déjà contesté (car probablement renfermant un dérivé du formol). Le savant chimiste Copaiba m'avait déjà expliqué l'histoire
ici. -Explique la différence entre huile végétale et huile végétale estérifiée. Explique aussi -ce qui a déjà été fait ailleurs, par exemple dans «Cosmétiques, mode d'emploi» de Laurence Wittner, également chez Leduc.s editions, - ce qu'est un bon shampoing, un dentifirice correct…
Le moins-Meme si je sais que ce bouquin n'est pas une thèse, la liste des bienfaits de chaque ingrédient naturel est assénée sans l'ombre d'une référence scientifique (qu'elle aurait pu mettre en annexe). Ou elle aurait pu au moins le faire pour quelques uns. Une phrase du type: "les extraits de bambou sont tirés de la racine des jeunes pousses" ne fait pas avancer le schmilblick sur ses vertus… idem pour plein d'autres substances dont elle ne détaille même pas les effets (vrais ou supposés): helichryse italienne, gombo, fougère arborescente… On ne sait pas trop d'ailleurs ce qu'elle appelle extraits…
-Rien sur les HE, la question de leur concentration dans les produits, les risques de photosensiblisation, de déclenchement d'allergies.
-Pour les déodorants: donne comme exemple d'ingrédient naturel déodorant: le farnesol… sur la liste des 26 substances allergènes citées précédemment..
Chapitre 5: maquiller, colorer, teinterLe plus-La partie consacrée aux cheveux
Le moins-Pour les fonds de teints, n'aborde pas la question de la finesse obtenue avec des silicones, pour l'instant, pas d'équivalent en version bio…
-Pour les poudres, oublie… la poudre de riz.
-Dityrambique sur les couleurs magnifiques des cosmétiques naturels. Je ne le serais pas autant…
-Dityrambique -aussi- sur la crême colorante végétale de Logona. Mais ça ne marche pas quand on a beaucoup de cheveux blancs (j'avais téléphoné au conseiller de la marque qui me l'avait confirmé… )
Chapitre 6: protection solaire: un plaisir sans regrets Le plus-Explique bien la différence d'action entre filtres chimiques et minéraux.
Le moins -Sur l'absorption de carotenoides naturels qui facilitent la protection de la peau: elle ne fait pas de différence entre les diverses variétés de carotenoides, pourtant plus ou moins efficaces et plus ou moins bien tolérés.
133 produits décortiqués. Le plus -Très intéressant: à chaque fois, elle sépare et commente base/agents actifs, additifs, conservateurs.
Le moins-Pour les produits sans eau, ne souligne pas qu'un peu d'anti-oxydant ne fait jamais de mal en prolongeant la durée de vie des produits.
-Certains mystéres, non résolus pour moi en tout cas. Un seul exemple: la "crême nutritive nuit" de Florame. On lit pour additifs: "lessive de soude et acide citrique pour réguler le PH"… Je voudrais qu'on m'explique en quoi c'est top… (trois macarons)
-Idem: alcool à haute dose dans pas mal de produits bio. Par quelle magie ça ne désseche(rait ) pas la peau? S'il s'agit d'un secret de fabrication, qu'elle le dise…
Conclusion personnelle-Parfait pour démystifier les marques pseudo-naturelles.
-Des informations intéressantes (souvent déjà lues ailleurs quand même).
Le moins-Je reste sur ma faim sur la question des conservateurs qu'elle n'a pas vraiment réglée. Même si elle a fait un sort au Lonicera.
-Aborde peu la question des risques d'allergies avec les produits bio qui utilisent plus de substances actives -dont les HE sur lesquelles elle fait quasiment l'impasse.
-N'aborde pas vraiment la question cruciale de la qualité des ingrédients en cosmétique bio. Ce n'est pas parce que c'est bio que c'est toujours top.
-Rien sur les cosmétiques faits maison.
-Rien sur quelques ingrédients qui peuvent permettre une simplification de la vie sans passer par une marque: huile végétales, hydrolats utilisés tels que.
Au final, Rita Steins poursuit avec acharnement son combat contre la cosmétique traditionnelle. Bravo, elle a raison de se battre et surtout de démystifier le pseudo naturel. Mais je n'ai pas l'impression d'avoir lu des révélations faramineuses sur les cosmétiques naturels. (Je connaissais déjà l'histoire du Lonicera).