Des plantes au parfum, des voyages, des inspirations culinaires ou botaniques
28 Mars 2011
Village du Kutch, bord de route: l'âne et les détritus
Lors de mes premiers voyages en Inde il y a une vingtaine d'années, j'avais eu un choc en découvrant notamment qu'il était impossible de se balader tranquillement sur une plage, les rivages étant de véritables crottodromes. Les choses changent. Lentement. D'un voyage à l'autre, le vieux Delhi semble un peu moins crasseux. Mais les quartiers anciens d'Ahmedabad, ville incroyablement pagailleuse de 5 millions d'habitants sont d'une saleté parfois stupéfiante. Pourquoi un manque d'hygiène aussi désinvolte dans un pays on l'on croise des myriades de balayeurs?
façade chaotique dans le vieil Ahmedabad
Le meilleur décryptage de ce paradoxe me semble celui de l'écrivain VS Naipaul. Dans L'illusion des ténèbres, récit écrit au début des années soixante (mais publié en français en 1989 seulement) Naipaul, indien natif de Trinidad aux Antilles raconte sa découverte d'une Inde où il n'avait jamais vécu et dont il propose un état des lieux décapant. II fait un parallèle avec ce qu'avait ressenti Gandhi (né en Inde, au Gujarat) retournant en Inde à 43 ans, après de longues années passées en Europe et en Afrique du sud. Les séjours prolongés de Gandhi à l'étranger lui avaient donné assez de distance pour voir le quotidien indien tel qu'il est: "il a regardé l'Inde comme aucun Indien n'avait pu le faire; sa vision était directe; elle était et est restée révolutionnaire", écrit Naipaul.
Que voyait Gandhi? Ce que voit Naipaul trente ans plus tard, et ce qu'on voit encore souvent aujourd'hui:
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"(Les) balayeurs sont de service quotidiennement. Ils ne sont pas tenus de nettoyer. C'est un élément subsidiaire de leur fonction, qui consiste à être balayeurs, -des individus dégradés destinés à effectuer les gestes de la dégradation".
Balai en plumes de paon dans la très belle mosquée du Vendredi, Ahmedabad
Il s'agit donc de balayer pour balayer parce qu'on issu de la caste des balayeurs … mais non de balayer pour faire le propre.
Pelouse après le passage d'une nuée de jeunes pique-niqueurs, dans les jardins près du mausolée d'Humayun, Delhi.
"Le système des classes est un système de récompenses. Celui des castes emprisonne l'homme dans sa fonction. Comme il n'y a pas de récompense, les devoirs et les responsabilités deviennent étrangers à l'emploi", commente Naipaul.
De nombreux courants, religieux ou non, sont nés notamment de la volonté de supprimer le système des castes.
C'est le cas par exemple du Bouddhisme, mais aussi, celui, moins connu, du Jainisme.
Balai dans un temple jain de Jamnagar. Les fidèles s'en servent pour écarter d'éventuels insectes qu'ils pourraient risquer de piétiner
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