Des plantes au parfum, des voyages, des inspirations culinaires ou botaniques
18 Juin 2010
La pâte à savon joue aux rebelles à la maison. Après l'épisode précédent, j'ai encore vécu une nouvelle épopée à cause d'un savon très riche en beurres.
Michèle a eu très la grande gentillesse de m'offrir un karité "à utiliser tout de suite" car un ami avait oublié de lui remettre le paquet d'un beau karité qui a patienté six mois.
Toutes affaires cessantes, ( à vrai dire, un prétexte en or! ) j'ai donc décidé de faire un savon la semaine dernière. J'avais en ma possession un beurre d'ucuuba dont la date de péremption était légèrement dépassée, j'ai décidé de l'inclure, tout comme une huile d'olive à la rose faite maison, encore odorante, mais déjà assez ancienne. Je tenais donc déjà presque toutes mes huiles. J'ai complété avec le merveilleux palme sublimé de Mlk pour le parfum. Pour la douceur, sans penser que j'avais déjà pas mal de beurres, j'ai ajouté du lait de jument.
J'avais également prévu un mix d'huiles essentielles très parfumé mais je ne l'ai pas utilisé. Pourquoi? Ça va être vite facile à comprendre…
Cristine m'avait envoyé récemment par la poste une splendide et volumineuse pivoine d'un rouge étourdissant. J'ai décidé d'en faire une teinture très colorée en m'inspirant des conseils d'un nouveau et super livre qu'on vient de me donner: Peintures végétales avec les enfants d'Helena Arendt (éditions La plage). Il évoque les différents modes d'extraction des couleurs de plantes assez communes avec des idées d'utilisation très sympa.
la teinture de pivoine congelée
J'avais fait cette teinture il y a déjà quelques temps, tout simplement en faisant bouillir les pétales de pivoine dans un fond d'eau un quart d'heure environ (on arrète quand l'eau a pris le ton souhaité) avant de les passer au tamis en les pilonnant légèrement pour faire sortir leur rouge violent-violet. J'avais congelé le liquide pour le conserver.
J'avais également prévu d'inclure de la poudre d'encens (encens en morceaux pilé et tamisé),
et préparé un mélange poudre de nard et sel noir d'Hawai pour tenter les fameux zigouigouis à la Mlk, que je n'ai toujours pas pu réaliser…
Rebellion savonnesque, karité, poudres d'encens et de nard, sel noir d'Hawai
60g beurre d'ucuuba
460g karité "à utiliser de suite" de Michèle
160g huile de macadamia
340g huile de coco
90g huile d'olive à la rose maison
90g palme sublimé de Mlk
130g lait de jument (compté dans le liquide pour la soude mais ajouté aux huiles)
vit E
66g infusion de pivoine à peine décongelée
40g hydrolat de mastic
64g eau de mer de Roscoff
5g encens pilé (introduit à la trace si je puis dire!)
poudre de nard, sel noir d'Hawai (une cuillérée à café de chaque, dilués dans un peu d'eau déminéralisée)
La réunion de l'infusion de pivoine, de l'hydrolat de mastic, de l'eau de mer et de la soude a viré au vert vénéneux avant de se métamorphoser en rouge marron; la température a augmenté sévèrement.
N'ayant pas vu assez large pour mon saladier destiné aux gras, quand j'ai voulu y rassembler les beurres (que je fais fondre à part selon leur point de fusion pour ne rien surchauffer), j'ai réalisé qu'il était quasi plein et qu'y introduire le pied d'un mixer était un peu risqué.
J'ai versé l'infusion à la soude à 42°, plus chaud que d'habitude. En général, je saponfie vers 37-38°, mais j'avais fini ma provision de glaçons pour faire baisser la température du liquide avec la soude et j'en avais assez d'attendre. J'ai commencé par touiller à la spatule, avant de me décider à utiliser le mixer, en laissant le pied au fond du récipient. J'ai à peine mixé. Rien. J'ai touillé avec le pied et j'ai vu alors remonter à la surface une partie du mélange en train de prendre. Le temps que j'éternue si je puis dire, tout avait pris en masse grumeleuse. Suite à mon expérience précédente, j'ai décidé de me passer des huiles essentielles.
J'ai versé une partie de la pâte dans les moules tronconiques en silicone que j'utilise souvent puis vidé le reste dans le moule transparent d'Irène en tassant tant bien que mal. C'est alors que la pâte s'est mise à se reliquéfier!
J'ai donc touillé comme une forcenée à la spatule puis à la cuillère magique dans le grand moule comme dans les plus petits. J'en ai profité pour ajouter dans le grand moule les poudres en continuant à tourner. Nouvelle émotion: j'ai vu apparaître des morceaux blancs dans la pâte. Désolation.
Des savons couleur caramel au café (… et au lait)
Je me suis plongée dans les livres de Susan Cavitch, puis suis allée me lamenter par mail auprès de la grande prétresse des savons qui m'a un peu rassuré. Je lui ai fait parvenir un savon pour qu'elle l'ausculte: "Docteur, c'est grave?"
Explication-supposition: les insaponifiables du karité… n'ont pas saponifié, d'où les morceaux blancs de karité… et non de soude, comme je le craignais.
Aujourd'hui, les savons réalisés dans le moule sont devenus même chics
Les autres, (surtout deux que je n'avais pas retouillés à titre expérimental) restent plus roots.
Nouvelle leçon (je ne cesse de m'en prendre): quand on saponifie trop chaud beaucoup de beurres (surtout s'ils ont un peu trainé), attention à la prise ultra rapide, d'autant plus si on ajoute des laits… et peut être des infusions de plantes et des hydrolats qui font grimper le thermomètre.
Affaire à suivre car il y aura un troisième chapitre à cette rebellion savonnesque, avec une nouvelle expérience éprouvante pour les nerfs.
Je ne peux pas jurer que ces savons sentent le caramel au nard… mais il y a un peu de ça…
Edit à propos de Peintures végétales avec les enfants d'Helena Arendt (éditions La plage)
Ce livre donne à la fois la technique pour extraire les couleurs de 18 végétaux et ce que des enfants (ou des grands!) peuvent ensuite en faire. Les exemples en photos sont particulièrement réussis (plus artiste que bricolo-artisanat).
Pour la techique d'extraction, c'est toujours plus ou moins la même, soit à chaud -comme je l'ai indiqué- pour les fleurs (géranium, coquelicot, œillet d'Inde, hibiscus, etc la pivoine n'y est pas) ou les feuilles (épinard, ortie, chou rouge) soit à froid (baies de sureau, betterave crue, etc) en pressant ou en coupant fin avant d'exprimer à travers un linge. Pour conserver les couleurs si leur emploi n'est pas immédiat, l'auteur conseille d'ajouter un peu d'alun… ou de congeler .
Sur ce qu'on peut en faire: des peintures (avec ou sans liant), mais aussi des craies, des fusains, des maquillages, des estampes (en détaillant comment faire)… Il y a aussi des explications pour travailler avec du sable ou des terres naturelles de couleur (dans ce cas, sans couleurs végétales). Ce livre est une belle source d'inspiration, les explications techniques, très claires, sont très simples. Personnellement, je le trouve vraiment très réussi. Mais ça serait dommage de l'utiliser uniquement pour savoir comment extraire des couleurs.
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