Des plantes au parfum, des voyages, des inspirations culinaires ou botaniques
23 Mai 2013
… d'abord pour le plaisir d'utiliser des plantes fraiches, car j'ai eu la chance d'en ramasser récemment en compagnie de cueilleuses aussi adorables que bavardes…
Il y a une étrange aura autour de la consoude, plante très présente dans la culture populaire et de façon plus distanciée dans les livres de phyto, pour ses propriétés cicatrisantes et réparatrices sur les plaies, les hématomes, les foulures, voire les fractures.
On sait aujourd'hui que ses racines et dans une moindre mesure ses feuilles renferment des alcaloides pyrrolizidiniques,vraiment toxiques pour le foie. Leur utilisation est donc déconseillée, surtout en interne. On trouve des recettes de jeunes feuilles en beignets, je suppose qu'une seule fricassée gourmande dans l'année devrait être tolérable, si on est en bonne santé. En externe, la commission E (autorité allemande de contrôle de phytomédecine) conseille de n'utiliser la consoude que sur une durée de six semaines maximum dans une année.
Que dit-on exactement de cette plante de la même famille botanique que la bourrache? Voici deux excellentes pistes de recherche:
* Pour consulter en accès libre des textes médicaux anciens (on entre un mot clef, et la liste des ouvrages où il apparait s'affiche, il suffit de s'y rendre ensuite) : ici
* Autre merveilleuse source d'informations: Le dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France de Paul-Victor Fournier, publié en 1947 et très bien réédité chez Omnibus en 2010, avec, notamment, une préface de Clotilde Boisvert (créatrice de l'Ecole des plantes) racontant la vie de Fournier, qui fut chanoine et passionné de plantes et de botanique. Ce livre est un vrai bijou de précision et d'érudition.
L'article consacré à la consoude en est un excellent exemple. Ainsi, Fournier retrace l'évolution des vertus attribuées à la consoude. D'astringente, elle devint émolliente… Il note aussi la divergence entre la médecine officielle qui abandonna peu à peu son usage et la culture populaire qui lui restait fidèle. Des médecins anglais ont découvert au début du XX° siècle que la plante renfermait de l'allantoïne, actif très réparateur, ce qui l'a faite ressortir de son purgatoire. Comme Michèle le note dans son commentaire à mon article précédent, voir ici, l'allantoïne étant hydrosoluble, on a des chances de l'extraire via des teintures ou des infusions, et non dans des macérations huileuses (pourtant toujours pratiquées).
Pour Fournier, c'est surtout la racine qui s'avère intéressante -elle renferme plus d'allantoine que les feuilles- , même si les feuilles sont émollientes (= adoucissantes).
Dans les recettes recensées, il cite le cataplasme de racines fraiches écrasées à poser sur les plaies, ulcères, piqures d'insectes, articulations goutteuses, et même fractures.
Outre l'allantoïne, la plante renferme des tanins, des mucilages, des minéraux, de la vitamine B12, de l'acide rosmarinique. Il y a des recettes avec de la poudre de racines séchées mais la plupart du temps, c'est la plante fraiche qui est recommandée.
A propos de l'emploi des feuilles
James E. Duke, grand herboriste américain, recommande leur utilisation, fraiches, en friction sur des plaies par exemple. "Elle reste mon premier recours en cas de plaie lente à cicatriser", écrit-il dans Le pouvoir des plantes (Marabout). Il suggère la teinture (de feuilles) à raison de quelques gouttes dans un shampoing contre les pellicules ou dans des préparations pour apaiser le syndrome du canal carpien.
Le site canadien Passeport santé fait état d'études sur les propriétés cicatrisantes des feuilles. Voir ici
Si Maria Treben l'herboriste autrichienne auteur best seller de La santé à la pharmacie du Bon Dieu a des mots lyriques pour décrire l'efficacité de la racine, exemples frôlant le miracle à l'appui, elle parle aussi de celle des feuilles.
N'ayant ramassé que les feuilles (avec quelques fleurs blanches en prime), j'ai décidé de jouer avec pour les savons, sans me faire d'illusions sur leurs éventuelles propriétés thérapeutiques néanmoins…
Consoude en fleurs au premier plan, feuille de basilic thai à droite, tronçons de feuilles rigides de pandanus en arrière plan
*J'ai d'une part préparé pour dissoudre la soude une infusion corsée de consoude en y ajoutant des feuilles fraiches de pandanus et de basilic thai pour leur parfum.
*J'ai par ailleurs fabriqué une macération de feuilles dans de l'huile d'olive bio, complétée avec un reste de macérat huileux de consoude-thé vert dans du sésame.
infusion et macérat étaient d'un beau vert.
Savons verts à la consoude
800g d'huiles
48 ricin
64 beurre de cacao
240 coco indienne odorante
240 olive dont 140 macérée à la consoude
100 arachide raffinée
48 karité du Bénin de Michèle
60 sésame bio (dont 32 macérés à la consoude avec du thé vert)
1 cuillérée à café de crème fraiche dans les huiles
280g d'infusion aqueuse concentrée de feuilles de basilic thai, de pandanus, de feuilles et fleurs de consoude dans de l'eau déminéralisée, (moitié en glaçons, moitié gardée au froid)
Soude pour un surgraissage à 8 environ
Un peu de mica bleu… pour soutenir le vert
Parfum
Je n'ai pas parfumé toute la pate pour tester le parfum des herbes seules après saponification.
Dans la moitié des huiles:
Il me restait des fonds très résineux et très odorants (mais que je n'ai pu peser) d'He de vétiver et de patchouli, je les ai dilués.
6g de coco fractionnée avec du vétiver
5g de coco fractionnée avec du patchouli
Au fond, j'ai démoulé un peu trop tôt le savon, d'où l'aspect un peu grumeleux en surface. Le savon le plus foncé est celui du milieu, coulé dans un moule milky-way. Le cube au premier plan, le plus clair, est sans HE.
J'ai coulé dans trois moules différents… et obtenu trois nuances de vert.
Les savons sans HE sont restés plus pâles et sentent légèrement le pandanus. Dans les autres, le parfum du vétiver vient en premier, puis arrive le pandanus. J'attends le patchouli…
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