Des plantes au parfum, des voyages, des inspirations culinaires ou botaniques
31 Mai 2013
Une fleur muette est une fleur odorante dont on ne peut pourtant pas capturer le parfum…
C'est le cas du lilas, du chêvrefeuille, de la violette (même s'il existe de l'absolue extraite des feuilles, avec notes boisées), de l'œillet (l'absolue d'œillet ne restitue pas la délicieuse note poivrée de la fleur) et quelques autres récalcitrantes, telles la jacinthe, le muguet ou le gardénia.
Lire ici sur le blog Esprit de parfum un article aussi instructif que précieux dédié au sujet.
Ces insaisissables sont autant de défis olfactifs lancés aux parfumeurs. Ils tentent de recréer leurs parfums, d'en restituer la complexité ou de les réinventer dans une virtuosité d'assemblages moléculaires.
C'est ce qui m'a poussée à commander deux fragrances de fleurs muettes chez Aromat'easy: l'œillet des poètes et la violette (les deux de qualité cosmétique et naturelle) pour les tester dans un savon et essayer de jouer avec. J'ai ajouté par curiosité une troisième senteur: le labdanum dont j'explore depuis pas mal de temps les nuances olfactives. Pour voir ce qu'il rendait dans un savon, mais aussi pour l'employer comme fixatif avec les deux autres fragrances.
J'ai vraiment voulu tester ces notes; j'ai donc joué la simplicité pour le savon.
J'ai préparé un savon à 80% de coco, surgraissé à 20%, complété avec deux huiles fluides: son de riz et ricin.J'ai utilisé de la lessive de soude sans autre ajout, et, après une trace vite venue, j'ai partagé la pate en six en la versant dans des gobelets à café en papier.
Savons des fleurs muettes
240 huile de coco indienne
40g huile de son de riz
20g huile de ricin
2gélules vit E (toco 500)
Lessive de soude à 30% avec surgraissage à 20.
Et, selon les savons: micas, poudre de "vermillon d'Espagne" (en fait de la poudre de graines de carthame qui a donné un jaune assez lumineux), poudre de rhubarbe (qui donne un beige moucheté alors que j'en avais eu une -cadeau de Moune si ma mémoire est bonne- qui donnait du rouge… ) fragrances, HE girofle.
Dans chaque gobelet, un peu de colorant: poudre ou mica (Emadra a eu la gentillesse de m'en offrir un bel échantillon).
Puis j'ai compté 1% de fragrance (en m'aidant du calculateur de Soap Calc pour les proportions) soit une quinzaine de gouttes environ par récipient. (j'avais 300g d'huiles).
Au fond à droite, labdanum+ vermillon d'Espagne. Au milieu à gauche, œillet des poètes+ girofle + poudre de rhubarbe. Les autres couleurs sont des micas.
A chaque fois, j'ai touillé vivement avant de verser en moule pour bien mélanger fragrance et mica à la pate, tout en allant assez vite car les fragrances accélèrent la prise; j'ai donc parfumé puis coulé les savons sagement l'un après l'autre. Le labdanum teinte un peu la pate en la jaunissant ou au moins en la fonçant.
Les six variantes
15 gtes de chaque:
- œillet des poètes
-violette
-labdanum
et, à raison de 7 gtes de chaque :
-œillet des poètes + labdanum
-violette+labdanum
-œillet des poètes + He de girofle (L'œillet a des notes d'eugénol que j'ai voulu renforcer).
Mes observations
*Pour le parfum, le gagnant est, sans effort: œillet des poètes + girofle qui domine, tout en éveillant un peu l'œillet.
*Les deux autres mélanges sont aussi plus intéressants que les notes seules, la violette résiste mieux que l'œillet
*L'œillet des poètes seul reste d'une timidité maladive, on peut doubler la dose sans souci. La violette fait simplette; elle disparait un peu sous le labdanum en association.
*La fragrance de labdanum seule est bien identifiable à la dose de 1% (et même de 0,5% en mélange) mais s'avère un peu plus animale, moins vanillée et moins nette que l'absolue ou la teinture.
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