Des plantes au parfum, des voyages, des inspirations culinaires ou botaniques
16 Octobre 2010
Pour une réunion qui finalement n'a pas eu lieu, avec, entre autres, une grande amatrice de champagne … j'ai préparé un savon au champagne. C'est mon deuxième, le premier figurant parmi mes tous premiers essais il y a deux ans.
Avec quoi marier le champagne? J'ai pensé à la finesse des fleurs de sureau, à l'allure aérienne, à la couleur crémeuse et au parfum léger. Un jour d'été, j'ai eu la grande chance d'en recevoir des fraîches dans ma boite aux lettres (un grand merci Cristine). Je les avais mises en macération huileuse (olive) au bain marie dès leur arrivée. Le macérat a attendu au frigo.
J'ai aussi préparé, avec des fleurs séchées, une infusion très concentrée pour diluer la soude; pour un peu de mystère, j'ai ajouté dans mon infusion ce que Malégria qui m'en avait offert appelle joliment "plante offrande de la jungle".
Parfum
J'ai un peu dérapé. Emportée dans mon élan expérimental, j'ai sorti des flacons d'HE ayant une bonne réputation de résistance olfactive… trop même car du champagne et du sureau… il n'en est rien resté.
Il y a donc du molle ( Schinus Molle, distillation des baies roses du faux poivrier), venant du Pérou, poivré donc, aux propriétés antifongiques, tonifiantes et anti bactériennes, choisi pour tenir compagnie à la plante de la jungle amazonienne.
De l'élémi (Canaria luzonicum) distillé à partir d'une résine, utilisé en savonnerie, et censé apporter des notes fraiches sur un fond boisé. On lui attribue des vertus cicatrisantes.
Du gurjum (Dipterocarpus turbinatus) obtenu également par distillation d'une résine, aux propriétés anti inflammatoires; il est présenté comme un bon fixatif dans les savons (voir ici par exemple). C'est une note de fond, classée en parfumerie dans les "mousses".
et de la girofle dont j'aime beaucoup la touche"œillet".
Le tout a été mis à macérer dans de l'huile de moringa, qui retient bien les odeurs.
Pour apaiser ces HE au caractère plutôt masculin, j'ai pensé que l'ajout de cire de tubéreuse suffirait; je ne trouve pas. J'ai aussi mis dans les huiles une délicieuse et douce macération parfumée dans du beurre de palme, une création de Mlk la reine du palme sublimé.
Après avoir senti la carosserie d'une bagnole qui a beaucoup roulé, le parfum du savon s'est peu à peu affiné. La note reste curieusement sur la réglisse, mais peu froufroutante.
La veille: Dans 8g moringa
5g He gurjum
2g HE molle
2g HE girofle (clous)
4g HE elemi
Liquide de dissolution
114g eau déminéralisée infusée avec:
fleurs de sureau et plante offrande de la jungle de Malégria , le tout mis en glaçons
130 g de champagne rosé, fouetté, pour le débuller, chauffé, flambé, puis gardé très froid. C'est une cuvée de réserve 2002 Pol Roger.
Soude pour un surgraissage à 6
INS 147
mélange vers 40°
Les couleurs de la photo sont fidèles
Les huiles
J'ai vraiment voulu jouer la douceur d'où, entre autres, la rose musquée, le macadamia et le beurre de cacao utlilisé comme support pour garder la cire de tubéreuse liquide au bain marie
30 huile de palme sublimée de Mlk
20 rose musquée
50 ricin
150 Karité du Mali
150 olive dont 101 macérat de fleurs de sureau fraiches dans olive avec EPP
200g coco
50g macadamia
50g beurre de cacao mis à fondre à part avec 13g cire de tubéreuse non comptée dans les huiles
5 gelules toco 500
1 cuil à café argile rouge
Couleur
J'aurais aimé du rose et prune, à cause du champagne rosé… au final j'ai du beige et du bleu pétrole métallisé… quasiment un look de bagnole. C'est un savon que j'ai failli baptiser le camion!
*Pour le rose, j'avais touillé une cuillérée à café d'argile rouge dans les huiles avant ajout de la soude pour éviter tout mouchetage. Ce n'est certes pas moucheté… mais pas rose non plus.
*Pour le prune, j'avais mélangé à parts égales dans un petit saladier:
ultramarine violet (TKB)
bluberry pop (TKB)
mica radiant gold (TKB) dilués dans le reste de champagne pour avoir un liquide assez fluide et faire des zigouigouis à la Mlk. Mais avec le champagne, même flambé, la pâte a pris très vite et j'ai plutôt des bicolores.
Violet, du bleu et de l'or; j'avais au départ un magnifique bleu nacré. Je me disais bleu dans pâte rose= violet.
J'ai eu d'abord un gris foncé métallisé qui évolue lentement vers le bleu pétrole.
Suivant l'éclairage, le côté sombre est plus ou moins bleuté et métallisé
J'ai longtemps été désolée par ces savons "camion" au look et au parfum austères. Au bout d'un mois, ils se sont bonifiés. Mais on est loin de l'image d'un savon que je voulais à l'apparence légère comme du champagne… mis à part les bulles, très douces, quand même…
La prochaine fois, je joue moins à l'apprentie sorcière.
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