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Des plantes au parfum, des voyages, des inspirations culinaires ou botaniques

Kérala 4: poivre de Malabar

Les recette sont extraites de deux ovrages dont les références sont au bas de l'article
Les recette sont extraites de deux ovrages dont les références sont au bas de l'article

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Aucun doute, la rue commerçante de Sultan Battery sent le poivre. Pas un touriste ne s'arrête dans cette ville besogneuse qui vit du commerce des épices et de petits trafics avec l'état tout proche du Karnataka. Il sera d’ailleurs délicat de trouver une chambre correcte pour la nuit. Des entrepôts de brique blanchie à la chaux s'alignent au bord du goudron cabossé. A l'intérieur des boutiques, de gigantesques tas de poivre noir... Plusieurs centaines de kilos s’entassent en pyramides précaires, l'épice est posée à même le sol où la poussière n'est pas avare. Les négociants qui attendent le chaland nous donnent un renseignement précieux, l'adresse de la plus belle poivrière de la région.

Une petite route trouée de nids de poule conduit vers le village de Chulliyode et de la Mangalam Corp Estate, vaste propriété de cultures tropicales. Nous apprendrons qu'elle appartient à une riche famille de Cochin. Personne à l'entrée... Nous finissons par atteindre une longue maison de bois foncé d'où sort un homme habillé de blanc qui frise les deux mètres. Il nous accueille avec grande amabilité et nous propose de le suivre à la découverte des plantations. Entre ombre et soleil, la balade se fait bonheur avec l'impression exquise de découvrir les plus beaux poivriers du Kérala. De grands arbres tuteurs diffusent une ombre apaisante favorisant la bonne maturité du poivre. Au dessous, d’immenses poivriers de huit à neuf mètres de haut. L'étrange attelage de la liane et de l'arbre donne au duo l'allure des ifs de Toscane. Au sol, comme une moquette végétale, des plants de thé dessinent le plus beau des écrins. La terre rouge ressemble à la latérite africaine. Quelques kilomètres avant la plantation, nous avions aperçu une briqueterie artisanale qui vit de cette argile grasse et colorée. Comment ne pas évoquer le mot terroir en découvrant cette terre singulière qui donne les meilleurs poivres de Malabar?

De loin en loin, des hommes escaladent les arbres sur de rustiques échelles de bambou pour cueillir les grappes de poivre. A la demande du régisseur du domaine, un ramasseur fouille dans des sacs de jute, s'approche de nous, mains ouvertes. «Voici les trois variétés de poivre que nous cultivons explique le chef: du karimunda. Et à côté, du pannyur et du chenganur».  Comme la vigne décline plusieurs centaines de cépages, le piper nigrum présente aussi des visages multiples. Les spécialistes indiens ont ainsi répertorié plus de 75 variétés, chacune présentant des caractéristiques différentes, de couleur, de taille, d'arômes et de puissance. Dans le Kérala, elles prennent souvent le nom d'une localité, d'une région, parfois même d'une famille. Le plus populaire et partant le plus cultivé demeure le karimunda. D'excellente qualité, à la fois parfumé et savoureux, il n'a qu'un défaut : la petitesse de ses baies qui n'a pas la faveur des négociants. Chaque village, chaque vallée reste fidèle à sa variété:  kottanadam, narayakodi, aimpiriyan, neelamundi,  balankotta ou lkalluvally. Dans l'état voisin du Karnataka, on en identifie d'autres: lbillimalligesara,  karimalligesara,mottakare, uddagare, sans qu'il ne soit possible de relever des différences gustatives. En 1971, le botaniste indien Venugopalam Nambiar mettait au point le premier hybride de poivre qu’il baptisa Panniyur, du nom de son village où se trouvait son laboratoire. Ce plant très productif qui donne de jolies baies connaît un large succès. Il a eu une longue descendance avec d'autres panniyur baptisés 1, 2, 3 et 4,  variétés mises au point et sélectionnées pour leur résistance aux maladies ou leur adaptation à des sols particuliers. Ces différenciations n'existent que dans les plantations. Récoltés et séchés, les grains rejoignent l'anonymat d'un label commercial, Malabar ou Tellichery garbled pour les meilleurs d'entre eux. Comme pour le vin, les amateurs aimeraient bien faire des comparaisons pour définir les nuances de chaque variété et identifier les meilleurs terroirs.

A la fin de leur journée, les ramasseurs de la Mangalam plantation sont rassemblés sur la terrasse en ciment des entrepôts où ils égrènent ensemble leur récolte, séparant les grains verts de la rafle de la grappe avant de les étaler sur de grandes nattes de bambou. En deux jours, à raison de 6 heures d’ensoleillement quotidien, le poivre de la plantation Mangalam change de nature. Les baies vertes virent au noir, les rouges passent au brun foncé. Dans le même temps, elle perdent une grande partie de leur humidité et se fripent. Selon les qualités, 10 kilos de poivre vert donneront 3 à 4 kilos de poivre noir. Une des plus grandes épices du monde qui portera le nom de son terroir, celui de Malabar.

 

Les recettes en préambule sont extraites de deux excellents livres:

1. Anjali Mendes: De mère en fille, la cuisine indienne (Albin Michel)

2. Usha R. Prabakaran: The perfect pickles recipe book, 1000 varieties (Peeble green publications).

Parmi cette incroyable galerie de 1000 recettes, à peine quatre affichent explicitement le poivre dans l'intitulé (peppered). Outre celle citée ici, on trouve une étonnante association tamarin- graines de concombre, une  lime-gingembre, et une mangue-gingembre sweet. Le piment a gagné la partie…

 

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venezia


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M
Je suis conquise par Michel. Sa sensibilité, son intelligence, l'amour lorsqu'il parle des terroirs de poivres. Michel dit tellement plus, un débordement de vie. Son observation amoureuse est réjouissante, sa présence est intacte. <br /> Merci. <br /> Mariebaume
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V
Son écriture était très fluide… et il était un gourmand de la vie
A
Moi qui cuisine indien, qui me régale des vrais restaus indiens un peu partout, surtout en Inde, je ne connais pas le massalé de cabri! En revanche, sur ma commune, le jour du marché vient une fille qui vend des épices et je fais mes mélanges au mortier...quand je peux, car elle en vend aussi des tout -près tout à fait convenables. Et Michèle aimerait mon marché (du Périgord), j'ai un réunionnais qui fait de l'excellente cuisine (sur place et jamais la veille, sauf le boudin créole!) Il me fournit en jus de gingembre que je bois tous les matins, d'où ma forme malgré mon âge avancé :-)<br /> Merci Martine pour ces articles!!!
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V
Du jus de gingembre au petit dejeuner! Effectivement, ça retape! .Ca me rappelle aussi le mélange gingembre, citron, miel bu très frais lors de mes balades indiennes
M
Aaah le massalé de cabri! <br /> Découvert à La Réunion où l'on le prononce ainsi, c'est peut-être l'un des plats indiens que je préfère et que j'aime traquer dans les légumes et autres raïtas.<br /> Le poivre s'y fait très discret apparemment.<br /> <br /> Je suis d'accord avec le fait de préparer soi même ses mélanges à moudre. Même vite fait au mortier, cela n'a rien à voir avec les mélanges tout prêts. Même chez le grand Rollinger, je n'aime pas les mélanges en poudre.<br /> J'y achète par contre les épices entières et je recommande à tous ceux que cela intéresse d'y aller une fois pour vivre le monde exaltant des épices et avoir une référence de qualité. Même à paris la boutique vaut le coup.<br /> <br /> Le piment est aussi un monde très varié contrairement aux apparences. J'en avais une collection dans ma maison de Nouméa récoltée chez les uns et les autres dont un incroyable piment aux feuilles violettes dont le fruit ressemblait à un pitanga et la couleur à celle des aubergines, luisantes et profonde. Mais hélas, aucun goût!
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V
J'adore la cuisine réunionnaise, peut-être un peu moins relevée que l'Indienne. <br /> Rollinger a des épices d'excellente qualité (même si je préférais Goumanyat mais leur boutique a fermé) je suis moins fan de leurs currys. <br /> Pour les currys: j'utilise de la poudre (celle d'Arosteguy, un super curry de Madras doux) que je corse d'épices entières, écrasées ou non. Ca donne faim tout ça…
M
Plein de fautes, désolée...