Des plantes au parfum, des voyages, des inspirations culinaires ou botaniques
16 Janvier 2009
L' opération "métamorphoses agrumesques" a débuté par un chutney de citron aux épices.
J'avais trouvé une recette sur le net ici. Je l'ai aménagée en souvenir des nombreux chutneys déjà faits…
J'ai détaché (à vrai dire, un habile manieur de couteau s'en est occupé) des zestes de citron, l'équivalent de 300g environ, ainsi que des oignons doux de Roscoff (150g plus ou moins). Les proportions sont approximatives. Je me suis contentée de peser le mélange de ces deux ingrédient: 456g. J'ai disposé les zestes dans un plat, les ai salés, recouverts d'oignons, salés à leur tour. J'ai patienté un jour et une nuit. Le lendemain, j'ai rincé soigneusement et ajouté 185g de pommes coupées artistiquement en petits dés quasiment calibrés (toujours l'œuvre du virtuose de la lame).
Dans une cocotte en fonte, j'ai préparé un sirop avec:
400g de sucre "noir", (roux très foncé, il ressemble à de la semoule molle)
140g de jus de citron filtré
260g de vinaigre de cidre bio.
Dès son ébullition, j'ai ajouté le mélange oignons+zestes+pommes
… et plein d'épices, celles familières aux currys indiens:
-15 graines de cardomome verte entrouvertes
-de la cannelle en baton (l'éuivalent d'une écorce hauteur petit doigt)
-2 cuillérées à café de graines de moutarde noires
-un morceau de gingembre de la taille d'un petit orteil, coupé en julienne (le gingembre, pas l'orteil )
-une dizaine de grains de poivre noir
-3 clous de girofle
-deux cuillérées à café environ de piment fort émietté (italien ou chinois)
J''ai fait cuire jusqu'à épaississement. Je n'ai pas regardé la montre, mais il me semble qu'en une demi heure, c'était prèt.
J'ai placé cette confiture épicée dans des bocaux stérilisés, j'ai raclé le fond de la marmite avec délices et léché la cuillère ( selon l'une des étymologies avancées, chutney pourrait venir de chaat-na qui signifie lécher) et me suis jurée d'attendre au moins un mois avant d'entamer le premier pot… ça va être dur de tenir… A déguster avec des currys notamment, ou de la volaille.
Les chutneys consommés en Inde sont en général peu sucrés; ils cherchent plutôt la note acide, comme le rappelle Camelia Panjabi dans son livre très bien renseigné: Les meilleurs currys indiens (ed. Albin Michel). Par ailleurs, ils sont souvent préparés pour être dégustés sur le moment.
A lire : la passionnante recherche d'une universitaire anglaise, Lizzie Collingham: Le Curry ou une histoire gastronomique de l’Inde ( Noir sur Blanc ... ). Je l'ai prété donc ne peux en citer des extraits. Elle y raconte comment, sous l'influence des Anglais, le curry, à l'origine un mix d'épices fraiches fabriqué à a maison, est devenu un mélange de poudres commercialisé, ce qui lui a permis de voyager. Pour le chutney il en a été de même. De préparation fraîche et familiale, il a évolué vers une sorte de confiture, appréciée en Angleterre dès le XVII siècle. Ce texte est passionnant car il analyse finement la complexité des relations anglo-indiennes à travers les métamorphoses de la cuisine du Raj.
Liens (en anglais)
-sur les divers chutneys et leur origine: ici et ici
-une brève interview de Lizzie Collingham ici
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